Art/Gens

Gilles Mahé est invité par Jean-Hubert Martin et Anne Baldassari à participer à l'exposition  Art&Pub qui ouvre en octobre au Centre Georges Pompidou. II conçoit l'installation Art/Gens et l'édition d'un numéro de Gratuit spécial Art&Pub, avec la participation de Claude Delannoy, Nicolas Rozier et de Philippe Rolle pour les prises de vues. Les deux œuvres sont présentées aux abords de l'exposition et marquent le musée d'une ambiance commerciale légèrement décalée. Les pages du Gratuit n° Art&Pub sont agrandies sous forme de tirages scanachrome noir et blanc sur tissu avec le logo des annonceurs en sérigraphie couleur et installées sur un côté de la coursive tubulaire: les images reproduisent le panorama parisien qui leur fait vis-à-vis, dans un effet de dédoublement.

Art/Gens, installé dans la zone d'accès libre au seuil de l'exposition, emprunte à l'esthétique commerciale de stand de foire : un podium circulaire tournant, affichant le nom de l'œuvre en guise de marque, supporte un dispositif et un jeune animateur en tenue de rigueur. Le dispositif comporte un photocopieur, un ordinateur de bureau Macintosh, une urne-coffre surmontée d'un moniteur vidéo où l'on peut lire : Art/Gens... Faites une œuvre d'art avec votre argent... Tout de suite. Ici. Maintenant... Art/Gens. Les visiteurs sont donc invités à déposer une valeur (billet ou chèque) sur la vitre de la photocopieuse qui restitue une copie couleur légèrement réduite et marquée des noms de Art/Gens et de Art&Pub par gravure de la vitre de la machine. L'original rejoint l'urne transparente et rétribue l’artiste ; le visiteur laisse ses coordonnées pour être connu comme l'un des collectionneurs, puisqu'il repart avec une image A4 de son investissement sous pochette plastique qui est une œuvre originale. Le dispositif est un lieu d'animation et d'échanges permanents. Il a aussi été l'objet d'un vol avec effraction dans la nuit du 12 au 13 novembre 1990 et d'une première enquête de police, puis quelques jours plus tard d'une autre enquête pour contrefaçon de billets de banque. Aux termes de contacts entre avocats, services de police, administration du Centre Pompidou, Banque de France et substitut du Procureur, Gilles Mahé propose que le mot « faux » apparaisse sur les photocopies. lI y a donc deux séries dans les plus de 700 œuvres produites par le dispositif : la seconde porte la mention Faux (ainsi qu'une fêlure de la plaque de verre causée par dépit par l'artiste lors de l'effraction).

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