L'opportunité d'un bail précaire dans ce café promis à la démolition, situé 1 rue de Mogador, derrière les Galeries Lafayette, conduit Gilles Mahé à se faire patron de café, d'un café parisien ordinaire et modeste : Le Lafayette. Dans la suite des magasins et boutiques déjà occupés, li s'agit de se livrer à une activité commerciale réelle. La clientèle du café n'est en rien avertie de la personnalité du patron ni du moindre aspect artistique de l'entreprise. Tout au plus certains ont-ils pu, comme il arrive aux habitués des cafés, apprécier l'esprit de la maison, car assurément, il y en avait un. Mais Gilles Mahé, en partageant tantôt avec son fils Matthieu, tantôt avec des garçons professionnels la réalité d'un travail dur et exigeant, n'entend pas se livrer à une parodie artistique ou à un simulacre : le changement de réglementation sur la TVA mentionné sur les invitations au Lafayette était bien d'actualité alors. Un certain nombre de proches de l'artiste fréquentèrent Le Lafayette. Gilles Mahé remplit plusieurs carnets de dessins et de notes avec les observations qu'il fit pendant ces presque quatre mois d'activité.
Des gestes de Patron,
Des tics de Patron,
Des préoccupations de Patron,
Le plat du Patron,
La femme du Patron
Quand par hasard
je me croise dans
l'un des miroirs,
je vois vraiment
un Patron de café.
Lundi 23 septembre1991