Gilles Mahé crée avec Gérald Caillat, rejoints quelques temps plus tard par Yves Fleischl, une revue intitulée Gratuit. Entièrement financée par les annonceurs, elle sera distribuée gratuitement dans des lieux « modernes et nerveux », musées, galeries, librairies ou magasins à la mode. 26 numéros selon une périodicité et des formats variables seront publiés entre 1979 et 1994. C'est une revue d'images. Certaines proviennent du stock de l'artiste. Les choix sont faits par Gilles Mahé, Gérald Caillat et les autres contributeurs qui interviendront au gré des numéros parfois thématiques et des commanditaires. « On est né en même temps ou même avant L'Égoïste. Mais cela n'a rien à voir. Moi, ce qui m'intéresse, c'est la qualité à partir de sources extrêmement vastes, des grains différents, des pertes de vue. Plus que le graphisme, c'est la mise en forme qui m'intéresse. Le montage ; la capacité de fédération... un certain œcuménisme.. » (Gilles Mahé, 1996).
Le numéro zéro et les cinq suivants sortent entre janvier 1979 et avril 1980.
Gérald, c'est un ami que j'ai connu en 1977, et même un peu avant. Il était allé en Californie chez Pierre Picot. À l'époque, Pierre était branché par les journaux gratuits, et Gérald en a ramené ici. Un jour, au cours d'une discussion, il m'a proposé d'en faire un. Mais les journaux des États-Unis, qui étaient d'assez grand format, servaient surtout à l'auto-promotion des artistes. Enfin... c'était souvent des catalogues dans lesquels le graphiste veut absolument qu'on le voie plus que le sujet. Alors que ce que Gérald avait en tête, c'était plutôt l'image légendée. (...) Et en même temps, avec des mélanges de sciences... de n'importe quoi. C'était vraiment un boulot, on pouvait mettre longtemps pour boucler un numéro. À l’époque, on n'avait pas d'ordinateur, on faisait tout à la tracette. Nous fonctionnions en système d'économie maximum avec nos Rhodoïds et la typographie.
Extraits de publication : Catherine Millet, L'art contemporain en France, Flammarion ; coupures de presses non identifiées [montage de photocopie).