Invité à exposer à la Chaufferie, la galerie d'art de l'École supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, Gilles Mahé conçoit un projet qu'il qualifiera plus justement d'intervention. S'il occupe l'espace d'exposition, c'est pour en faire un lieu de vie. Le calendrier est surtout celui des conférenciers invités. Le vernissage est le jour de son anniversaire ; le déjeuner constitue le plus régulier des rendez-vous; la pédagogie est par participation. Mêlant programme culturel, spectacle, présentation, publication, discussion, Mahé expose Mahé, sa vie, sa femme et ses amis.
Je me souviens un matin au réveil Ingrid et Matthieu. Je me souviens du rire qu'ils avaient. Je me souviens du fax quotidien d'Ernest T. Je me souviens de Rudy construisant une maquette avec les restes d'un repas. Je me souviens du CD d'Étienne, « Super Discount » qui passait presque en continu. Je me souviens de ce couple de collectionneurs strasbourgeois qui reprochaient à Gilles d'être conceptuel. L'homme était banquier ; Gilles a dit « mais vous êtes plus conceptuel que moi ».Michèle Mahé à Corine Pencenat ; souvenirs de la Chaufferie (plaquette, 2001)
Aux invitations lancées par des institutions, Gilles Mahé répond de plus en plus librement. Les projets échappent au lieu clos d'exposition comme au rapport de respect envers les œuvres.